Le lien échiquéen.
Juillet 1966.
Publié par l’AEPA,
WEINBLUM CH.,
13 rue Lavigerie,
54-Nancy.
C.C.P.: AEPA NANCY 1700.80.
Sommaire:
–Historique des échecs.
–Le mot du secrétaire.
–La coupe de l’amitié.
–La page de l’adhérent.
–Le tournoi du handicap.
–Aperçu financier.
–Les règles du jeu.
–A propos du championnat.
–La rencontre LYON-LAUSANNE.
–Avis.
Historique des échecs (suite).
Le SHATRANG chez les arabes.
Après l’introduction du CHATURANGA en PERSE, sous le règne de KISRA NAUSHIRWAN (531-579), disparaît sa pratique à 4 joueurs et comme il vient d’être dit, il fut banni du jeu. En conséquence nous avons tout lieu de conclure que le TCHATURANGA ainsi modifié et par corruption de son nom sanscrit prit le nom de CHATRANG dont les arabes firent SHATRANG. Le rôle d’intermédiaires que les PERSES ont joué pour transmettre le jeu des échecs aux arabes est démontré par les noms persans des pièces, noms qui ont été acceptés par ceux-ci. Pour désigner le roi, la tour, le fou, les persans se servaient des mots de leur langue: CHAH, ROC et PIL (éléphant); ces trois noms passèrent à la langue arabe, PIL changé en FIL, les arabes n’ayant pas de «p» dans leur alphabet. Cet emprunt du nom des pièces par les arabes prouve à lui seul le rôle de la PERSE dans la transmission du jeu. Ce fait précise également la période à laquelle le jeu a été importé de l’INDE en PERSE: les arabes ont conquis la PERSE en 635. C’est à ce moment, évidemment, qu’ils ont connu le jeu. Or, pour que les PERSES puissent donner aux pièces les dénominations de leur langue et transmettre celles-ci aux arabes, il fallait indubitablement qu’ils eussent reçu le jeu des Indous avant la conquête des arabes.
Si de nos jours il est assez facile de comprendre le SHATRANG, il est, par contre, très difficile d’en saisir la stratégie. Dès le début on est troublé par la marche différente de certaines pièces, puis, et c’est là où gît la plus grosse difficulté, le but à atteindre est tout autre; si pour nous il n’y a qu’une seule manière de vaincre, on en compte trois dans la SHATRANG dont le mat n’est pas la principale. Le dépouillement du roi ennemi est la tâche la plus glorieuse, puis vient le pat. En PERSE, le roi conserve son nom SHA; la tour celui de RUKH; le cavalier, de ASPA devient PARAS. Ces trois pièces ont la même marche que de nos jours. La dame conserve son nom FIRZ, FERZAN puis FERS. Le fous dont les persans avaient traduit le nom sanscrit HASTI en FIL en y préfixant l’article «ail», est appelé de même par les arabes. Ces deux pièces ont une marche différente de celle actuelle; la dame (FERS) ne peut aller qu’obliquement à la case contiguë et l’ALFIL obliquement aussi mais pouvant sauter jusqu’à la troisième case. Enfin le pion, de PADATA et PIADA devient BAIDAK; il marche comme notre pion mais toujours d’un pas, il devient obligatoirement FERS arrivé à la huitième case. On voit les différences.
Comparez le FERS à notre dame si puissante, l’ALFIL sauteur à notre fou grand voyageur. Une remarque: le RUKH allant vite et loin comme notre tour.
Dans le jeu ancien il fallait donc, en raison de la puissance restreinte de presque toutes les pièces, un grand nombre de coups avant de prendre contact avec son adversaire; c’est pourquoi les premiers coups étant jugés sans importance, étaient joués le plus vite possible. Alors seulement le joueur regardait le jeu de son adversaire; s’il était moins avancé que le sien, il attendait un instant. Les maîtres arabes ont soigneusement noté leur théorie du jeu en partant seulement d’une position précédant un certains nombre de coups, le douzième par exemple. On donne à une telle position le nom de «TA-BIN» ce qui signifie: «disposer ses troupes en bataille». Peu nous sont parvenus et beaucoup restent incompréhensibles par suite des fautes de transcription. Quelques-unes de ces «TA-BINS» attribuées aux joueurs célèbres étaient très usitées.
La littérature arabe est beaucoup plus riche en fins de parties dénommées «MANSOUBA». C’est dans ces exemples que nous trouvons les deuxième et troisième forme de victoire par le pat, SAID et par le roi dépouillé. Le gain par le pat est, comme la nullité chez nous, beaucoup plus rare. Longtemps on eut des doutes sur ce cas attribuant la défaite au joueur qui subissait le pat. La fin de partie par le mat était de même assez rare chez les arabes. Toutefois, elle était plus fréquente que la victoire par le pat.
La puissance réduite de leurs pièces mineures était un obstacle au dénouement rapide. Le lecteur verra plus loin que dans notre jeu moderne, deux cavaliers ne peuvent pater le roi dépouillé et que le mat du fou et du cavalier contre roi seul exige une tactique subtile. Aussi le mat ancien était-il un fait presque sensationnel que l’on notait soigneusement, surtout quand le matériel restant était important.
On trouve aussi dans ces manuscrits orientaux, un nombre considérable de man soubats conditionnelles, telles que le mat avec une pièce désignée sur une certaine case…
Le X.me siècle semble avoir été pour les arabes une époque particulièrement brillante. On cite des maîtres comme AL ARI, IBN DANDAN, AL ADLI et d’autres qui restèrent longtemps seuls de leur force. Le calife de BAGDAD, AROUN AL RISCHILD, était un joueur militant et il contribua beaucoup à la prospérité des échecs dans la capital de son KHALIFAT. Les arabes et les perses divisaient les joueurs en cinq classes:
–Les ALIYAT ou «classe des grandeurs»;
–Les joueurs pouvant gagner 2 ou 3 parties sur 10 contre ALIYAT;
–Ceux à qui un ALIYAT pouvait rendre un FERS;
–Ceux à qui un ALIYAT pouvait rendre un cavalier;
–Ceux à qui un ALIYAT pouvait rendre une tour.
Il faut en conclure que les arabes et les perses devaient posséder de bien grands joueurs pour établir des graduations si fortes. Car on observera qu’il était beaucoup plus difficile dans le SHATRANG de donner le cavalier ou la tour que dans notre jeu moderne.
(A suivre).
Le mot du secrétaire.
J’informe tous nos adhérents que le concours de titres pour notre bulletin sera clos le 31-07-1966; chaque membre du comité en exercice aura à noter chacun de ces titres qui vont du sérieux au fantaisiste et de l’hermétique au simple, sans connaître le nom de leur inventeur; le plus noté des 20 titres reçus jusqu’à présent illustrera notre bulletin ainsi que notre ronde sonore et le lauréat recevra le 33 tours promis.
Autre chose: le premier numéro de la ronde sonore, approuvé par le Bureau Directeur est retrouvé, sera distribué aux adhérents dès la rentrée. Pour celui de janvier 1967, elle sera envoyée seulement contre un supplément de cotisation, qui sera fixé prochainement.
Maintenant, je fais mon «mea culpa»: j’ai omis de signaler que la finale de la coupe de consolation a été gagnée par monsieur FRAUENFELDER sur notre regretté NELSON et glorieusement, le vainqueur a laissé son prix de 30,00 francs à la caisse. Quant au prix de 20,00 francs dû au second, monsieur VABOIS l’a également crédité à notre trésorerie. Bravo au champion, et merci à tous deux pour leur geste généreux.
Un dernier mot: nous avons la joie d’accueillir 4 nouveaux membres:
–MESSEANT B. mr, 27 rue de l’Abbé GREGOIRE,75006 PARIS.
–CAMPOS J. mr, 19 rue de CUGNAUS, 31-TOULOUSE.
–DUVERT M. mr, 54 boulevard GAMBETTA, 30-ALES.
–VINCENT D. mr, 6 avenue des Abattoirs, 25-BESANCON.
Qu’ils soient les bienvenus parmi les «envoûtés de la dame en bois» que nous sommes!
G. VANDEWALLE.
La coupe de l’amitié.
Voici un petit aperçu sur son état actuel: dans la première ronde poule 3, les parties HUCHET-KNIEBIHLI et WEINBLUM-FAIVRE se poursuivent toujours, cela n’avance guère.
Un autre résultat dans la poule 4, JOLY a abandonné devant PHILIPPOTEAUX, toujours dans la première ronde.
Il n’y a encore aucun résultat dans la ronde 2.
Je signale que toutes les parties gagnées sont valable pour le T.H.
J. VABOIS.
La page de l’adhérent.
Monsieur CATTAERT aimerait que tous nos membres aient un signe distinctif, une médaille en forme d’échiquier par exemple.
Quant à monsieur G. BRUN, il propose pour soulager notre budget, de faire des porte-clés également en forme d’échiquier et de les vendre.
Ces deux suggestions seront étudiées par le Bureau.
Une erreur s’est glissées dans le bulletin précédent: le nouvel adhérent n’est pas monsieur V. BRUN mais YVES LE BRUN, un très bon joueur entre parenthèses.
Le tournoi du handicap.
Par CL. FAIVRE.
Résultats au 30-06-1966.
Baud 10-28
Brun G. 0-3-d
Maenhout 3-0-v
Marchand 3-0-v
Noirot 0-3-d
Philippoteaux 3-0-v
Beaufils 0-4
Bertrand J.-J. 0-2
Vandewalle 1-3-d
Bonnard 98-100
Bruger 69-75
Marchand 3-0-v
Brun G. 3-6
Cattaert 41-42
Noirot 0-3-d
Corruble 0-1
Duhen 239-245
Marchand 3-1-v
Faivre 214-226
Frauenfelder 3-1-v
Moulin 3-0-v
Saurel 3-0-v
Fournet 0-1
Frauenfelder 266-281
Moulin 4-0-v
Noirot 0-4-d
Schnitzler 2-2-n
Vabois 4-0-v
Grosrenaud 60-60
Huchet 213-222
Baud 0-3-d
Noirot 0-3-d
Philippoteaux 3-0-v
Hurard 7-7
Huchet 0-3-d
Joly 16-19
Marchand 3-0-v
Kniebihli 167-167
Noirot 0-6-d
Legueltel 111-114
Lemaire 58-58
Réthoré 0-3-d
Lux 213-216
Noirot 3-1-v
Madeleine 171-171
Poyet 0-3-d
Maenhout 47-47
Baud 0-3-d
Marchand 136-141
Baud 3-0-v
Bruger 0-3-d
Vabois 1-3-d
Martin 22-23
Veiber 0-3-d
Moulin 41-41
Faivre 0-3-d
Frauenfelder 0-3-d
Noirot 114-161
Duhen 1-3-d
Grosrenaud 4-0-v
Marchand 3-0-v
Peillonnex 6-0-v
Poyet 1-3-d
Vandewalle 4-0-v
Weinblum 3-0-v
Peillonnex 15-15
Pluchon 0-4-d
Philippoteaux 95-95
Baud 0-3-d
Huchet 0-3-d
Pluchon 161-165
Poyet 18-36
Corruble 3-1-v
Fournet 3-1-v
Noirot 3-1-v
Weinblum 3-1-v
Réthoré 45-51
Lemaire 3-0-v
Saurel 259-262
Peillonnex 3-0-v
Schnitzler 215-232
Martin 3-1-v
Veiber 3-1-v
Weinblum 3-1-v
Vabois 18-24
Cattaert 3-1-v
Legueltel 0-3-d
Vandewalle 113-128
Bertrand J.-J. 3-1-v
Beaufils 0-4-d
Madeleine 3-0-v
Noirot 0-4-d
Schnitzler 0-3-d
Veiber 3-1-v
Veiber 119-129
Huchet 3-0-v
Schnitzler 1-3-d
Vandewalle 1-3-d
Weinblum 160-171
Bertrand J.-J. 3-0-v
Bonnard 3-2-n
Veiber 3-0-v
Aperçu financier.
Avoir au 31-03-1966: 893,41 F.
Recettes: 65,00 F (cotisations, vente de jeux et dons).
Dépenses: 151,81 F (papier, bandes magnétiques, insertion au J.O.).
Avoir au 30-06-1966: 806,60 F.
Bonnes vacances à tous.
CH. WEINBLUM.
Les règles du jeu (suite).
La prise en passant.
C’est la capture d’un pion par un pion adverse, mais d’un caractère particulier, en ce sens que, différemment à la prise ordinaire, le pion prenant ne vient pas occuper la case du pion capturé. Cette prise ne peut se pratiquer que dans les conditions suivantes:
–Le pion auquel sera fourni la possibilité de prendre doit occuper unes des cases de la 5.me traverse de son propre camp, c’est-à-dire de «A5» à «H5» pour les blancs, et de «A4« à «H4» pour les noirs.
–Le pion à prendre doit effectuer son premier mouvement et celui-ci doit être d’une avance de deux cases.
–Enfin, cette prise (si le joueur la juge opportune) doit obligatoirement avoir lieu lors du coups suivant immédiatement l’avance du pion à capturer.
Voyons à présent commet cettre prise se pratique. Le pion prenant est à la 5.me traverse de son camp; le pion à prendre, placé sur une colonne contiguë, à côté, occupée par le pion prenant, vient lors de son premier déplacement d’avancer de 2 cases, c’est-à-dire qu’il se trouve sur sa 4.me traverse, qui est précisément la 5.me du camp adverse. Nos 2 pions se trouvent donc côte à côte sur la même ligne. Le pion le plus avancé a le droit de prendre le pion ennemi et d’occuper la case située en arrière de celui-ci, comme si ce dernier n’avait avancé que d’un pas. Le fait que le pion qui prend ait précédemment, lors d’une ou de plusieurs prises, quitté sa colonne initiale, n’est pas un empêchement à l’application de cette prise.
(A suivre).
R. PEILLONNEX.
A propos du championnat.
Trois ans de compétitions, c’est bien long! Mais voici que ce championnat s’achève. En effet, c’est le 31-08-1966 date à laquelle la 3.me ronde se terminera, que les jeux seront faits. Nous pouvons déjà annoncer la nouvelle, celle qui couronne 3 ans de lutte à travers les ennuis familiaux, les grèves des PTT, les lettres perdues, la nouvelle attendue de tous ceux qui prennent une part active dans notre groupement: notre ami LEGUELTEL peut être considéré comme le champion 1963-1966; en effet par sa victoire sur notre ami VABOIS, monsieur LEGUELTEL a définitivement assuré sa place de premier en première division. Son nombre de points sera donné ultérieurement avec les résultats complets. Son nom sera gravé auprès de notre regretté V. NELSON, sur le trophée gardé par chaque vainqueur du championnat. Ajoutons qu’en 4.me division, notre ami BRUGGER peut être considéré champion et qu’il en sera de même pour monsieur POYET en 3.me division; seule la deuxième n’a pas encore désigné son champion. Le prochain championnat dont vous trouverez les détails de la marche dans le numéro d’avril, commencera le 01-10-1966; il sera placé sous le signe de la jeunesse puisque de nombreux jeunes, nouveaux à l’AEPA s’y sont déjà inscrits. Bonnes continuations à tous et bonnes vacances.
J.-C. BERTRAND.
Rencontre LYON-LAUSANNE.
Le cercle d’échecs d’aveugle de LYON a terminé sa saison 1965-1966 par une rencontre placée sous le signe de l’amitié FRANCO-SUISSE; les 14 et 15 mai 1966, notre ami BAUD, déléguant 3 de ses amis du cercle de LAUSANNE, nous rendaient visite. La rencontre eut lieu à la villa SAINT-RAPHAEL dans un cadre champêtre de la banlieue lyionnaise. Le local fut gracieusement mis à notre disposition par monsieur l’abbé COTE que nous remercions chaleureusement. Ceux qui le désirèrent purent jouer en plein air. La rencontre se déroula en deux temps, chacun joua successivement avec les blancs et les noirs; les parties se jouèrent à la pendule et les plus disputées furent sans conteste celles que livrèrent nos amis FAIVRE et SCHNEIDER, les numéro 1 des deux équipes. Le résultat final fut 6 victoires à 2 en faveur de LYON. Après le déjeuner du dimanche, qui fut gentiment servi, copieux et d’excellente qualité, on se sépara dans l’enthousiasme d’avoir fait connaissance et d’avoir joué en toute sportivité et amitié. 6 joueurs de cdette rencontre jouent à l’AEPA: BERTRAND, FAIVRE, NOIROT et POYET pour LYON, et BAUD et SCHNEIDER pour LAUSANNE.
J.-C. BERTRAND.
Le match franco-espagnol.
Il peut être considéré comme achevé puisque la date de clôture était le 30 juin. En voici les résultats, tout au moins ceux qui m’ont été communiqués: 21 parties étaient prévues; 7 n’ont pratiquement pas été jouées; les adversaires de CATTAERT, FAIVRE, LEGUELTEL, PEILLONNEX et WEINBLUM ont cessé de répondre après un petit nombre de coups; de notre côté il semble bien que BURVENICH et MAENHOUT n’aient jamais écrits à leur adversaire. Reste une partie; celle de VABOIS et VANDEWALLE n’était pas terminée aux dernières nouvelles, mais depuis longtemps je ne sais rien de celle de BAUD et de SCHNEIDER probablement inachevée; pour celle de NELSON, je l’ai montrée à un ami allemand, impartial et compétant; il m’a dit que cette partie était perdue pour nous. Restent donc 9 résultats incontestables; ont abandonné: J.-C. BERTRAND, FRAUENFELDER, HUCHET, KNIEBIHLI, LUX, POYET, SAUREL et VEIBER; toujours une seule victoire pour nous: l’ami PLUCHON, qui apparemment nous évite de finir avec un zéro. Nous devons d’ailleurs reconnaître que nos amis espagnols se sont montrés en moyenne plus forts que nous.
M. SAUREL.
Avis.
Pour tous renseignements concernant l’achat de jeux d’échecs adaptés, s’adresser au président monsieur POYET, 33 rue FLORIAN, 69-VILLEURBANNE.
Rappelons que critiques et suggestions nous permettent de faire de ces pages, votre bulletin.
Qu’il me soit permis ici de remercier l’aquipe et de vous souhaiter, avec elle, de paisibles et joyeuses vacances.
M. POYET.
Fin de la revue.