UN ÉTÉ ENTRE LE MASQUE ET L’ÉCHIQUIER.

            Après le grand tournoi d’été sur Skype, magnifiquement organisé par Olivier et Sindy, qui du début juin au 10 août avait satisfait notre fringale d’échecs et nous avait beaucoup plu, nous avions été déçus par la révélation des tricheries de quelques-uns des « meilleurs » joueurs parmi les 200 participants, aussi déçus par l’annulation du championnat de France de l’AÉPA, nous avons décidé de nous aérer l’esprit en allant jouer aux échecs en France, et nous nous sommes inscrits, mon amie Nicole et moi-même, à deux tournois « over the board » organisés dans le Sud-Ouest de la France et nous y avons pris beaucoup de plaisir.

            Le premier « Le Circuit Gascon » organisé magistralement du 3 au 8 août par Frédéric Bielec du club de Riscle (Gers) a pour principale caractéristique d’être un tournoi itinérant en sept rondes. Les années précédentes, les joueurs se déplaçaient en car d’un village à l’autre, mais pas ces temps pandémiques, la nécessité de la distanciation physique avait conduit les organisateurs à resserrer le Circuit qui a débuté et qui s’est conclu dans la Halle de  Riscle, entre temps, nous avons joué à Termes d’Armagnac et dans le château de Crouseilles. Riscle est ce village du Gers dans la vallée de l’Adour qui accueille le club de Frédéric qui a créé le circuit gascon il y a maintenant huit ans, en fédérant les richesses patrimoniales de ce coin de France connu pour ses cadets de Gascogne, D’Artagnan par exemple.  Cette région de la vallée de l’Adour, au sud du Gers, au nord des Pyrénées atlantiques et des Hautes Pyrénées est réputée pour son vignoble, le château de Crouseilles est l’un des meilleurs crus de Madiran, son Armagnac, ses canards et son festival de jazz à Marciac. En cette année de pandémie, le festival de jazz avait été annulé, mais nous avons quand même eu la chance d’assister à un agréable concert dans la jolie cité de Plaisance-du-Gers. Nicole et moi logions dans une chambre d’hôte à Maumusson, Béarn,  non loin de Riscle où se trouvait aussi l’une des meilleures caves du coin celle du Domaine Sergent, tenu par deux sœurs viticultrices.

            Joueur moyen et seul aveugle, je participais à la seconde catégorie, celle des moins de 1500 Élo et j’ai joué de nombreuses parties contre des enfants ou des adolescents… L’un d’entre eux a fini la partie en larmes car je l’avais maté alors qu’il avait fait une seconde dame et pensait gagner. Ce retournement de fin de partie l’avait déconcerté. Beaucoup de jeunes joueurs donc, de rares étrangers, quelques allemands et quelques espagnols, beaucoup d’habitués font du Circuit gascon un tournoi très agréable. Les soirées étaient consacrées à des dégustations de vin ou d’Armagnac, et au Château de Crouseilles, nous avons participé à une initiation aux techniques viti-vinicoles.

            Sur le plan des échecs pour aveugle, je dois saluer l’arbitrage d’Alain Lucazeau, venu de Mayenne, qui avec une rare gentillesse et une attention très appréciée coachait mes adversaires en leur expliquant soigneusement comment ils devaient annoncer leurs coups, l’alphabet officiel, la gestion des deux échiquiers etc. Il prenait soin de me positionner comme il se doit habituellement sur une table fixe, et il essayait aussi de placer Nicole sur une table voisine, ainsi, j’avais toujours quelqu’un pour m’assister en cas de besoin pressant !

            J’ai rencontré successivement Daniel Larue, Julien Lebigre, Thierry Benarens, Titouan Laroche, Harmenn Carapeccian, Emma Boumrar et Lucie Duval.

            Le second tournoi auquel nous avons participé était le sixième Open du Roque d’Anglars qui s’est déroulé, en huit rondes, du 23 au 29 août. Organisé par Philippe Pagès dans le village médiéval de Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn et Garonne) et son club des « Gorges de l’Aveyron ». Philippe est un organisateur charismatique qui a su mettre toutes les ressources de son village, celui-ci bénéficie du label « Cittàslow » au service du jeu d’échecs. L’établissement thermal bâti dans les années vingt accueillait le tournoi. On pouvait jouer dans la salle ou bien dehors sur une placette ombragée, il suffisait d’y trimballer sa chaise et son jeu d’échecs. C’était aussi en plein air qu’étaient servis des repas de grande qualité cuisinés par une artiste qui les préparait tous les midis. La simultanée avec Olivier Touzane s’est tenue dans la halle du marché au centre du village et il y avait chaque soir à la guinguette des bords de l’Aveyron des tournois de blitz et des parties amicales. Philippe avait même installé un jeu dans une petite île au milieu de la rivière. Le cadre était magnifique  et tout le village à échelle humaine. Nicole et moi avions loué un gîte à l’orée du village et nous rendions en trois minutes à la salle de jeux Comme à Riscle le tournoi était divisé en deux catégories si ce n’est que les personnes qui avaient entre 1400 et 1600 points Élo pouvaient choisir de concourir dans le tournoi des plus forts ou des moins bien notés. Nicole et moi, comme à Riscle étions inscrits dans le tournoi des « petits Élo », qui là aussi réunissaient de nombreux enfants et adolescents. Beaucoup de participants du Sud-Ouest et quelques espagnols.

            L’arbitre, Xavier Rubini, de Paris-Canal Saint-Martin, qui connaissait bien Dédé, Alain et Régis avait appelé ma table dédiée au seul aveugle participant au tournoi, la table numéro 608 !

            Une ambiance formidable, un cadre rêvé, je m’inscris pour tous les tournois à venir dans cet écrin du savoir bien vivre!

            J’ai rencontré successivement : Océane Fésigny (de Toulouse, elle a déjà joué avec Clémentine), François Gramont (Club de Riscle, Vic-Fesenzac), Ernest Lallemand (SANV), Michel Yakovleff (Prayssac, Lot), Baptiste Charruyer (Plaisance du Touch), Nicolas Nguyen (Limoges), Philippe Pagès (SANV) et Jean-Claude Bilheran.

En conclusion, j’ai passé de très agréables moments lors de ces deux tournois à travers les provinces françaises en cet été chaleureux et très réussi. La pression de la pandémie s’est à peine fait sentir : nous devions porter un masque en intérieur lors de nos déplacements, mais une fois dehors, on pouvait l’ôter pour mieux respirer ! Les pièces et les jeux étaient passés à la solution hydro-alcoolique après chaque ronde, mais comme je jouais avec mon propre jeu et que j’étais le seul à le manipuler, j’étais dispensé de cette corvée. Sur le plan échiquéen, après quinze parties en direct, et à l’issue de ce mois d’août 2020, mon score Élo a progressé… d’un point !

                Jean L’Herbon de Lussats, alias Jean Achelle, Vice-Président de l’AÉPA.

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